• 3ème PARTIE

    Transi d’incertitudes, suite à ma rencontre avec ce que j’aurai du mal à nommer ; je dirigeai mes pas en fonction de deux évidences. L’une étant que, si ce que je venais de vivre était pur produit de mon imaginaire ; rien ne pourrait m’en protéger et l’autre étant que si mon expérience était aussi vraie que l’air que je respire ; il valait mieux prendre en compte cet avertissement avec sérieux.

    L’idée du départ ne me faisais pas peur, mais la précipitation dans laquelle il me fallait partir me remplissais de haine pour cette énième fuite forcée. Je pleurais tant, que nul trésor sur mon chemin n’aurai pus me consoler ; le sort semblait s’acharner à ne pas me laisser vivre en paix. Je me demandais si la route ne serait pas trop périlleuse et si mon fidèle ami  supporterait le trajet sans répit que je prévoyais pour nous. Mais à trop me focaliser sur la suite des événements, je me détournais un peu de ma direction ; au lieu d’arriver là où je devais rejoindre Hozbon, je me retrouvais plusieurs centaines de mètres au nord, sur un terrain buissonneux  qui surplombait une légère descente vers la lisière ouest des bois.

    Sans doute tel un enfant déçu de ne pas avoir ce qu’il veut, je ne compris que longtemps après que j’étais finalement chanceux. La distance qui me séparait du lieu indiqué, me permis de distinguer au loin mon chien, encerclé par des silhouettes humaines mais néanmoins étranges de proportions. Ne prenant aucun risque je rampais lentement tout en m’écartant des bois jusqu’aux derniers buissons me cachant ainsi de ces inconnus ; ils étaient peu nombreux, huit au total ; l’un d’entre eux en retrait de quelques mètres, les autres autour de lui. Ce qui m’interpellait avant toute chose, était le calme de mon compagnon, lui qui pouvait venir à bout de trois hommes sans y laisser sa vie. A cent mètres derrière eux, prêt à appeler Hozbon, je ne pouvais que fuir vers le nord, mais le risque était qu’ils ne soient pas seuls ; alors j’attendais patiemment en espérant les voir battre en retraite. Finalement, l’attente me fatigua bien plus en étant allongé et immobile que si j’avais été actif. Le comble fut que je m’assoupis quelques instants, alors que ces individus, eux, n’avaient même pas changés de place ; droits comme des statues, le regard tourné vers les bois, mon ami toujours au milieu. La nuit tombait et je ne pouvais me résoudre à prendre l’initiative de les attaquer, après tout ils ne lui faisaient aucun mal et je ne voulais surtout pas prendre le risque de manquer une opportunité par impatience. Mais le plus stupéfiant se produisit lorsque je m’y attendais le moins ; sans concertation ni même un bruit, ils partirent et Hozbon suivit en retrait. J’étais pétrifié de le voir suivre ces inconnus, sachant alors qu’il me faudrait les suivre, là où peut-être je n’aurais pas eu autant de chances de m’en sortir vivant. Finalement décidé à agir tant que je le pouvais ; je sifflai, pour que mon ami me revienne.

    Bien que pessimiste sur le bon déroulement des choses, je ne me serais jamais douté qu’il ne viendrait pas vers moi à mon appel. En effet, lorsque mon sifflement leur parvint, ils ne firent que se retourner dans ma direction et Hozbon, lui, se stoppa sans même un aboiement. A cet instant, je ne savais vraiment plus quoi penser, alors je me mis debout, résigné à faire face, autant par dépit que par curiosité. L’un d’entre eux me fit signe de venir, ce que je fis avec méfiance et lenteur. Hozbon, une fois le tiers du trajet fait, se lança à ma rencontre ; j’étais soulagé de le voir courir vers moi et une fois à mes pieds comme si rien ne s’était passé, il commença à mordre ma besace pour m’emmener vers eux. De plus en plus curieux, je me remis à marcher pour les rejoindre. Ils étaient déjà plus visibles arrivé à mi trajet, grands, fins et sans armes apparentes, mais leurs têtes étaient capuchonnées. Une fois à leur niveau, tous inclinaient la tête, puis l’un d’entre eux releva sa capuche et s’avança vers moi. Je ne saurais décrire son visage autrement qu’en disant qu’il était beau, ses cheveux longs étaient noirs, et sa peau couleur de miel. Un silence apaisant nous entouraient, finalement il sourit puis me dit ;

        -Bonsoir, je me m’appelle Waikan et voici mes frères. Nous sommes là, pour t’inviter à nous suivre dans nôtre village, si tu désire t’y réfugier.

    Rassuré de prime abord, je ne pus m’empêcher de demander ;

        -Bonsoir, je m’appelle Elnor, vôtre invitation me touche mais qui êtes-vous, d’où venez-vous et surtout pourquoi êtes-vous là ? Comment se fait-il que mon chien se comporte avec vous comme s’il vous connaissait ?

    Apparemment gêné par le ton méfiant que j’employais, il s’empressa de me répondre ;

        -Je suis désolé de ne pouvoir répondre à toutes vos questions. Je peux seulement vous dire, que nous sommes ici, car quelqu’un que nous connaissons vous et moi, m’a demandé de vous venir en aide. Votre ami Hozbon, ne nous connais pas et nous ne lui avons rien fait ; il nous a simplement écouté et a décidé de vous attendre avec nous. Il savait tout comme nous que l’esprit vous avait dit de le rejoindre ici-même.

    Mais trop de questions restaient sans réponses, il me fallait en savoir plus ;

        -Que savez-vous de l’esprit que j’ai rencontré, que se passe t-il ?

    Toujours aussi calmement, il me répondit ;

        -Nous ne pouvons nous permettre de rester ici trop longtemps, le danger approche à grands pas. Mais si vous acceptez notre aide et nous suivez, alors je pourrais vous en dire plus, mais il faut que vous sachiez que la route jusque chez nous, nous prendra des jours.

    Ma décision n’était pas facile à prendre, je regardais le sol et les étoiles pour y trouver un signe, mais rien. Au final, ce fut Hozbon qui sans rien faire, me poussa à dire oui à cette aventure ; après tout, lui avait confiance en eux, alors pourquoi ne pas au moins, voir de quoi il retournait.


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  • Commentaires

    1
    yseult-la-blonde
    Vendredi 20 Mars 2009 à 00:48
    Le chien,le plus fidèle,protège son maitre en tout endroit.
    Il ne donne sa confiance aisément,qu'à ceux qui lui font signe amicalement.Alors très cher Elnor,suis ton coeur dans cette quête,pars à la conquête de nouvelles aventures.Suis l'étoile qui guide ta vie,et oublies la crainte et la méfiance,même si parfois il en faut,et ne nous laisses pas trop longtemps pendu au fil de ton histoire,laisses nous l'espoir de connaitre très vite la vérité sur ton parcours qui me semble dores et déjà semé d'embuches.Amicalement dame yseult.
    2
    Numéro de série 23 Profil de Numéro de série 23
    Jeudi 6 Août 2009 à 09:54
    Rebonjour Elnor.
    Ecriture toujours aussi prenante, beaucoup de tournures de phrases ont un style bien à elles qui me les rend bien agréables à lire.
    Mes commentaires ont été aussi longs à venir que la suite de cette histoire n'est-ce pas ?
    Tu ne m'en voudras pas j'espère, mais le temps sur le Net n'est pas le même temps que dans cette réalité-ci.
    J'avoue avoir cru que tu ne hantais plus ce blog et ce nouveau chapitre m'avait échappé.
    Heureuse surprise et heureux retour !
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